Le Chili? Pourquoi pas?

Une petite virée au Chili, ça vous tente?

Lorsque nous avons imaginé notre voyage en Amérique du Sud, nous avons assez rapidement considéré le Chili. Je ne connaissais pourtant pas grand chose de ce pays, sauf peut-être sa réputation pour les tremblements de terre.

Sans que je puisse expliquer pourquoi, le Chili me faisait rêver. C’est souvent de cette façon que mon amoureux et moi choisissons nos destinations. Une idée qui semble apparue de nulle part, le souvenir d’une lecture ou même un rêve d’enfance suffisent à nourrir notre projet. Cette fois-ci, plus je lisais sur ce coin du monde à la géographie unique, allongé au bord de l’océan Pacifique et bordé par la Cordillère des Andes, plus mon amoureux et moi nous disions que la découverte en valait la peine. Alors pourquoi pas?

Lire la suite

Medellin, Colombie.

Nous arrivons à Medellin au coeur de la nuit. Épuisés.

Notre vol en provenance de Cartagène, prévu à 17h15, a décollé quelques minutes après minuit.

Un immense orage s’est abattu sur la ville, un peu avant l’heure prévue pour notre embarquement. Pluie intense, forts vents, éclairs et tonnerre, rien ne manquait pour en faire une tempête parfaite. L’aéroport a été fermé, impossible pour les avions de décoller ou d’y atterrir. Pendant plusieurs heures, nous nous sommes retrouvés prisonniers de cet espace restreint avec d’autres voyageurs, incapables eux aussi de prendre leur avion. Tous les sièges étant occupés, plusieurs personnes ont dû s’asseoir par terre ou de dormir sur le sol, adossés à leur sac à dos.

À certains endroits, la pluie s’est introduite par le plafond, rendant le sol glissant et plusieurs sièges inutilisables.

Lorsque nous avons réalisé que notre vol était retardé, je me suis dirigée vers le guichet de la compagnie avec laquelle nous devions partir. J’ai dû attendre un très long moment, en compagnie de deux autres femmes, elles aussi en quête de renseignements. Elles m’ont aidée à comprendre ce qui se passait. L’espagnol est ma troisième langue et j’ai beaucoup à apprendre, surtout que les Colombiens parlent très vite. Les annonces au micro dans une salle bruyante où l’écho est roi, n’arrangent rien. J’ai donc fait la file avec elles, parmi d’autres passagers à la recherche de réponses.

Lire la suite

Bogota

Où allons-nous cette année? C’est une merveilleuse question que mon amoureux et moi avons le privilège de nous poser depuis plusieurs années. C’est une chance inouïe de réaliser nos rêves. Nous en sommes conscients et extrêmement reconnaissants que cela nous soit permis.

Ces dernières années, nous avons passé nos hivers à découvrir l’Asie. Nous nous y sentons en sécurité, la nourriture est excellente, sa culture et sa population nous émerveillent à chaque visite. L’Asie est incomparable et surtout, très accueillante.

Cette année, c’est l’Amérique du Sud qui nous attire.

Lire la suite

Jusqu’à la frontière

Nous voilà de retour en Isan, au nord-est de la Thaïlande. Un coin de pays qui nous a valu un sérieux coup de coeur lors de notre dernière visite en Asie, il y a quelques années. À ce moment, nous arrivions du Cambodge où nous avions exploré les temples d’Angkor pour la deuxième fois. Et pour la seconde fois, nous étions tombés en amour avec l’héritage de la civilisation Khmer.

Cette année-là, nous avions prévu pousser notre exploration vers le nord-est de la Thaïlande et passer quelques jours en Isan, là où des sites khmers sont répertoriés, principalement dans la partie sud. Nous avions tellement aimé ce coin de pays et sa population accueillante que nous avions changé nos plans pour passer le reste de notre séjour en Thaïlande. L’Isan devint alors notre terrain de jeu. Un merveilleux souvenir.

Lire la suite

El Día de los Muertos

Le Mexique? Pour mon anniversaire? Oui, bien sûr!

Pour la deuxième fois cette année, nous prenons la direction du Mexique, heureux de retrouver ce pays que nous aimons tant. Cette fois-ci, c’est pour réaliser un de mes rêves: vivre el Día de los Muertos selon la tradition mexicaine. C’est un peu mon cadeau d’anniversaire, j’aurai un an de plus au début de novembre.

Nous passons les premiers jours de notre congé à marcher dans Mexico, à revoir nos endroits préférés et à faire quelques courses. Nous avons la curieuse impression de revenir chez nous. Les rues sont bondées et nous prenons plaisir à ces bains de foule. Cette fois-ci, il nous semble qu’il y a encore plus de monde. Nous imputons cela aux célébrations de la fête des morts, avant de réaliser que les activités de cette fête sacrée coïncident avec le grand prix de la Formule 1.

Danses traditionnelles à Mexico

Nos pas nous mènent vers le zocalo, mais nous n’y avons pas accès. C’est peut-être en lien avec la fête des morts qui approche, se dit-on. Le zocalo est parfois inaccessible avant les grandes célébrations afin de mieux préparer les festivités.

La fête des morts se fête principalement le 1er novembre et se continue le lendemain, le 2 novembre. Elle invite à rendre hommage aux défunts, à se recueillir sur leur tombe et à se rappeler les souvenirs qu’ils nous ont laissés. Il n’y a rien de triste dans ces cérémonies. Consacrées au souvenir d’un être aimé, elles sont respectueuses, remplies d’amour, presque sacrées. Le jour des morts est reconnu par l’UNESCO et fait partie du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Même si les journées principales sont le 1er et le 2 novembre, les célébrations commencent quelques jours plus tôt. Cela nous donne l’occasion de profiter des fêtes sur Mexico Centro avant de quitter pour Morelia où nous retrouverons des amis qui nous attendent le 31 octobre.

Lire la suite

Retour à Mexico

Cet article a été publié en 2022, mais suite à un transfert de données, il n’est plus en ligne. Puisqu’il contient des informations utiles pour le prochain article, je le publie de nouveau. Bonne lecture!

Comme bien d’autres voyageurs, nous avons interrompu nos escapades autour du monde en souhaitant que cet arrêt ne soit que temporaire et que la vie nous permette d’explorer de nouveau cette planète que nous aimons tant.

C’était en 2020…Pandémie oblige…nous sommes restés à la maison.

Bien sûr, à chaque fois qu’une petite accalmie s’est présentée, nous avons planifié de petites escapades dans notre coin de pays, le Québec.

Au delà de nos projets interrompus, j’avais une pensée pour toutes ces personnes que nous avons rencontrées autour du globe. Au fil des jours, je me suis inquiétée non seulement pour les miens, mais aussi pour tous ceux qui habitent cette planète durement éprouvée.

Le monde que nous connaissions venait de changer…mais je gardais confiance en la nature humaine. Avec raison, je crois. Partout la vie est restée la plus forte, malgré les embuches.

C’est donc avec plaisir que nous avons profité du printemps 2022 pour nous envoler vers le Mexique et reprendre nos habitudes de vagabondage. Nous avons prévu passer notre mois de congé à Mexico et à San Miguel de Allende. Nous y avons de très bons amis et nous souhaitons les revoir autrement qu’en virtuel.

Lire la suite

Ayutthaya, une visite trop brève.

Nous aimons prendre le train et ceux de la Thaïlande ne font pas exception, c’est une petite aventure à chaque fois. Aujourd’hui, notre plaisir est de courte durée, le trajet entre Bangkok et Ayutthaya dure à peine une heure trente et lorsque le train s’arrête, nous avons l’impression d’avoir à peine quitté la grande ville.

Aussitôt sortis de la gare, nos sacs sur le dos, des chauffeurs de tuk tuk proposent leurs services les uns après les autres. Ils demandent cher pour nous amener à notre guesthouse et ne laissent place à aucune négociation. Il fait très chaud et en quelques minutes nos vêtement sont trempés. Finalement, juste de l’autre côté de la rue, un conducteur accepte un compromis. C’est plus cher qu’à Bangkok, mais il fait trop chaud pour marcher avec nos sacs.

Nous voici enfin à Ayutthaya, cette ancienne capitale du royaume de Siam, avec ses merveilles d’un autre temps.

Selon l’UNESCO, cette cité fondée en 1350 était densément peuplée, florissante et même cosmopolite. Son influence s’étant étendue considérablement suite à la chute d’Angkor, elle avait développé un réseau de communications avec l’ensemble du monde dont la France, l’Inde, la Chine. Son style unique et sophistiqué en faisait une ville moderne avec ses routes, ses douves et une gestion de l’eau digne d’une brillante technologie. Le royaume fut saccagé en 1767 lors d’une des occupations birmanes, sa population fut chassée. Ayutthaya ne fut jamais reconstruite au même endroit et les pouvoirs de la capitale furent déplacés sur la rive du Chao Praya, juste en face de l’actuelle Bangkok.

C’est pour nous un retour, mais la ville est tellement changée que nous avons l’impression de la voir pour la première fois. La cité moderne a pris de l’ampleur, construite autour des ruines et des monastères bouddhistes qui en font aujourd’hui partie intégrante. Ravis, nous entrevoyons l’occasion d’admirer des Bouddhas de toute les grandeurs et de toutes les formes, dans des temples richement décorés où les fidèles font leurs prières et déposent leurs offrandes.

J’avais prévu faire le tour des ruines en vélo, tel que suggéré dans les guides. Mais le court trajet entre la gare et le guesthouse démontre d’une façon incontestable que la circulation est trop dense pour moi. Le parc historique est situé sur une île, entourée de trois cours d’eau, dont le Chao Praya. Des ruines de cités très anciennes, d’une construction préalable à celles d’Ayutthaya, sont situées sur les rives avoisinantes. Amateurs de vieilles pierres, ces ruines nous attirent. Pour visiter l’ensemble des points d’intérêt, il faut donc parcourir la ville dans tous les sens, traverser les ponts d’une rive à l’autre. Il faudra trouver une autre façon d’effectuer nos visites car nous ne voulons pas nous concentrer uniquement sur le parc historique, qui lui se fait assez bien à vélo. Je ne suis pas assez habile pour conduire dans cette circulation et je ne veux pas prendre de risques.

Nous comprenons rapidement que nos deux nuits à Ayutthaya ne seront pas suffisantes. Nous manquerons plusieurs vestiges ainsi que le Musée.

Notre guesthouse est situé sur l’île, dans une ruelle calme et notre hôtesse est accueillante. La chambre est spacieuse et bien organisée avec grand balcon, une table, des chaises, enfin tout pour rendre un séjour confortable. Dommage que nous repartions si vite.

En soirée, nous devons acheter nos billets de train pour notre prochaine destination. Notre hôtesse confirme que l’achat doit se faire obligatoirement à la gare. Lorsque nous voyageons sans itinéraire fixe, la prévision de l’étape suivante n’est pas à négliger pour éviter les mauvaises surprises. En ce qui concerne la Thaïlande, nous n’avons pas encore terminé la planification de notre parcours, mais nous savons que notre prochaine destination est Pi Mai. Il suffit de vérifier s’il reste de la place sur le train ainsi que l’heure du départ. Nos guides de voyage contiennent une partie des informations, mais celles-ci sont parfois différentes sur le terrain. Alors mieux vaut être vigilants et nous rendre à la gare sans tarder.

Nous empruntons une embarcation qui fait la navette entre les deux rives, nous adorons cela. Nous voilà transformés en deux gamins qui tournent une activité bien anodine en aventure! Le billet de train acheté, nous explorons cette partie de la ville avant de reprendre le bateau vers notre hôtel. La nuit tombe rapidement en Asie et il fait déjà sombre lorsque nous montons dans la navette en compagnie de deux cyclistes avec leurs vélos. Soudain, le conducteur s’exclame, les yeux de mon amoureux s’arrondissent. Le bras de vitesse du moteur est resté dans les mains du batelier. Il se précipite aussitôt vers une boite à outils rangée à côté des sièges, près de nous. Unijambiste, il se déplace à toute vitesse en utilisant presque uniquement ses bras. Quelle force!

Nous dérivons, la rive s’éloigne, la tension devient palpable. Un des cycliste s’avance vers le conducteur et l’éclaire à l’aide de son téléphone alors que la compagne du batelier sort son cellulaire. Elle fait un appel et malgré la pénombre, je lis l’inquiétude sur son visage éclairé par la lueur de son téléphone. Le quai s’éloigne de plus en plus. De loin, une femme avec une chemise fleurie fait de grands signes de son embarcation, je crois qu’elle est prête à nous remorquer si cela devient nécessaire. Après plusieurs aller-retour entre la transmission et le coffre à outils, le chauffeur réussit à redémarrer le moteur. Malgré des bruits un peu inquiétants, notre bateau se dirige vers le quai de départ où nous attend une autre femme. Je reconnais celle qui nous a vendu les billets à la guérite. Elle nous fait descendre tandis que la femme à la blouse fleurie s’approche, elle prendra la relève. Pendant que notre barque s’éloigne, le conducteur sort de son bateau et l’amarre solidement. La mine renfrognée, le dos courbé, il s’éloigne lourdement sur ses béquilles. Je suis désolée pour lui. Sa soirée de travail est terminée et je n’ose imaginer ce que cette dépense imprévue signifie pour lui.

Le lendemain matin, notre hôtesse tarde à se montrer, pourtant c’est elle qui prépare notre petit-déjeuner. Peu de temps après, notre hôtelière apparaît. Les cheveux ébourifflés, les yeux un peu enflés, elle raconte les aventures de sa nuit. L’un des invités a laissé un robinet ouvert et la pompe fonctionnait sans arrêt. Pas question de frapper aux portes des chambres pour identifier d’où venait la fuite et de réveiller tout le monde. Elle a donc fermé la pompe pour éviter de brûler le moteur, quitte à se lever à toutes les heures pour repartir la pompe pour quelques minutes dans le cas où quelqu’un aurait utilisé la toilette. Quelle nuit pour elle!

Pendant que nous prenons notre petit-déjeuner, notre aubergiste discute avec son chauffeur de tuk tuk. Elle a proposé de nous aider à organiser notre journée, elle connait bien le site et son histoire, son aide est appréciée. Elle suggère un trajet qui alternera entre les vestiges du passé, les temples plus récents et en fin de journée, une balade en bateau nous amènera vers des sites un peu plus excentrés sur le bord de l’eau. Nous pourrons observer ainsi le coucher du soleil sur les ruines. Ce programme nous convient et nous partons.

À l’heure du dîner, pendant que nous dégustons un pad thai dans un petit resto, je sors la carte de la ville ainsi que nos bouquins. Jusqu’ici nous avons fait confiance au trajet proposé par notre hôtesse. Nous avons aimé nos visites de la matinée, mais les déplacements dans la ville prennent du temps et la journée passe vite. Mieux vaut mieux nous impliquer davantage dans le choix des temples si l’on veut voir ce qui est important pour nous!

Le chauffeur ne parle pas anglais et notre thai est nettement insuffisant, mais nous réussissons à nous comprendre. Curieusement, il semble soulagé de notre implication, il fait un large sourire et le plan de l’après-midi est réglé en un tour de main.

En fin de journée, alors que le bateau nous amène vers les derniers sites de la journée, mon amoureux choisit de rester tranquille et de ne pas descendre du bateau pour les dernières étapes. C’est bien la première fois!

Après une douche apaisante, nous soupons dans un restaurant en bordure de la rivière. Un chansonnier interprète des chansons internationales. Il fait beau, il fait doux. Tout va bien.

Demain nous partons pour Pi Mai.

Bangkok, la deuxième chance

En toute honnêteté, notre premier séjour en Thaïlande ne m’avait pas trop plû. Bien sûr, nous avions vu des paysages magnifiques, des temples à faire rêver et d’impressionnantes ruines, témoins d’un passé glorieux. Mais nous avions aussi rencontré des personnes brusques, impolies et les tentatives d’arnaques n’avaient pas manqué. Personnellement, j’étais revenue au Québec avec un goût amer. Incapables de sortir des sentiers bien balisés du tourisme thaï, j’avais le sentiment que nous avions manqué l’essentiel. Lire la suite

Revoir Phnom Penh

Pourquoi c’est Phnom Penh qui nous est venu en tête alors que nous cherchions un endroit pour bien débuter notre voyage en Asie?

Probablement parce qu’il y a quelques années, notre premier séjour dans la capitale du Cambodge nous a séduits, particulièrement après que nous ayons découvert l’hôtel Anise. Nous avions le désir de revenir dans cet endroit au charme presque surrané, avec son personnel accueillant et son décor absolument dépaysant. L’établissement est tenu par une charmante dame que nous retrouvons avec plaisir. À ma grande surprise, elle nous reconnaît et vient nous saluer avec ses yeux brillants et son sourire irrésistible.

Lors de notre première rencontre, il y a trois ans, elle m’avait expliqué qu’elle a dû fuir son pays lors de la guerre. Cette gentille dame m’a dit: surtout expliquez bien à vos lecteurs que j’ai dû recommencer à zéro, je n’avais plus rien! Je crois me souvenir qu’elle m’avait parlé de plusieurs emplois à la fois pour arriver à joindre les deux bouts et à élever sa famille. Elle est de retour dans son pays depuis quelques années et participe activement à l’économie de sa ville en employant des jeunes.

L’hôtel est un vrai oasis de paix dans une ville exubérante, en pleine expansion. Un peu partout dans la capitale, d’immenses gratte-ciel sont en construction à travers les maisons coloniales, fiers vestiges d’un passé qui n’existe plus. Dans certains quartiers, ces résidences sont un peu prises en étau entre des édifices modernes, construits tout en hauteur. Lors de nos promenades dans les rues, il faut lever la tête pour les apercevoir, car leur rez-de-chaussée est souvent occupé par des commerces ou simplement masqués par des grilles. Comme toutes les grandes villes, le meilleur et le pire se côtoient, la pauvreté et l’opulence, la propreté et l’insalubrité. Les parfums d’une cuisine succulente et les odeurs d’égouts.

Nous avons l’impression que le nombre de scooters et de motos a considérablement augmenté depuis notre première visite. Déjà qu’il n’était pas évident de circuler à pied le long des rues, les trottoirs devant les commerces sont devenus des stationnements pour les véhicules à deux ou à quatre roues. Pour louer un emplacement, il suffit de payer au préposé. Il replace les motos au besoin, il aide le conducteur des voitures à reculer en toute sécurité et il n’hésite pas à arrêter le traffic si nécessaire! Un nouveau négoce est né, à un point tel qu’il est parfois difficile d’entrer dans un commerce. Se faufiler entre les motos stationnées, devient un art et en faire tomber une pourrait avoir un effet domino que je souhaite éviter à tout prix. Croyez-moi, je suis tout à fait capable de cette maladresse!

Pour nous déplacer à pied, nous en sommes réduits à contourner les autos stationnées dans tous les sens, en longeant ce qui reste de trottoir. Mieux vaut marcher face à la circulation pour voir venir les vélos, les tuk tuk, les motos et les voitures, sans oublier de regarder de tous les côtés. Nous partageons le bord de la route et à certaines heures, la circulation devient un heureux chaos où chacun réussit à se faufiler. Parfois, des familles complètes prennent place sur une moto. Souvent le conducteur ne porte que de simples gougounes…

Pour traverser, la règle reste simple. Cela ne sert pas à grand chose d’attendre son tour. Il ne vient pas. La ville n’est pas conçue pour les marcheurs. Mieux vaut s’avancer doucement, d’un pas régulier en s’assurant le plus possible d’avoir un contact visuel avec les chauffeurs que nous croisons. Un motocycliste qui discute au téléphone n’est pas plus rassurant ici que chez nous.

Malgré tout cela Phnom Penh demeure une ville paisible, ses habitants aussi. Il suffit d’un simple sourire qui vient du coeur pour qu’un visage s’éclaire en retour et que la barrière de la langue s’estompe.

Il n’y a pas beaucoup de visites à effectuer à Phnom Penh. Nous avons vu le Palais royal, le Musée National ainsi que les marchés et c’est avec plaisir que nous retrouvons la jetée le long du Tonlé Sap, le resto Friends, la librairie Books Monument et bien sûr, l’hôtel Anise. Nous avons décidé de ne pas visiter les Killing fields, ni le Musée du génocide. Après avoir beaucoup lu sur ce génocide, nous ne souhaitons pas nous y retremper. Cela nous rappelle trop qu’encore aujourd’hui, de vastes crimes sont commis envers l’humanité, juste devant nos yeux.

Quarante ans après la libération du pays du joug des Khmers rouges, nous observons une jeunesse vivante, un peuple travailleur. Le pays continue à se reconstruire, jour après jour. Dans plusieurs villes du Cambodge, il est possible de contribuer à une cause pour aider la population à risque. Soit en fréquentant un restaurant qui emploie des jeunes en difficulté et leur enseigne un métier, soit en achetant dans un magasin qui vend des produits confectionnés par des personnes handicapées ou par des femmes sorties de la prostitution. Pour vraiment aider, il suffit d’ouvrir l’oeil et de se renseigner sur la légitimité de la cause.

Le Cambodge essaie aussi de prendre soin de ses enfants. Le ChildSafe Movement dont le mandat est de protéger les enfants de la prostitution, en est un bon exemple.

Une autre bonne façon d’aider l’endroit que nous visitons est d’acheter et de consommer des produits locaux afin de permettre à la population de gagner sa vie. Loger dans de petits hôtels et manger au restaurant du coin alimente l’économie locale. C’est une règle que nous essayons de respecter peu importe le pays où nous sommes. C’est encore plus vrai au Cambodge.

En nous promenant dans la ville, je ne peux oublier qu’à l’arrivée des Khmers rouges, elle a été pratiquement vidée en l’espace d’une journée et qu’aujourd’hui, elle revit de son mieux, au fil des jours. Nous avons encore tant de questions sur la façon dont les survivants se sont réorganisés!

C’est un hasard de la vie qui se charge de fournir les réponses, par le biais d’un chauffeur de taxi.

Nous quittons le Cambodge le 7 janvier, exactement quarante ans après sa libération des Khmers rouges. La ville est très calme, la plupart des commerces et des services sont fermés. La population se souvient. En circulant dans les rues anormalement calmes, notre chauffeur de taxi nous raconte ce que sa famille a vécu, ce que son peuple a subi. Il nous raconte le retour de sa famille dans cette ville vidée de ses habitants, quatre ans plus tôt. Nous lui demandons la question qui nous brûle les lèvres depuis quelques jours: est-ce que les gens ont pu retrouver leur maison? Non, ceux qui revenaient avaient le droit de s’installer dans une maison à la condition qu’ils soient les premiers à occuper. Elle leur appartenait dorénavant. Vous comprenez alors que la plupart des propiétaires étaient probablement décédés. Comment savoir? Il fallait faire vite pour avoir un toit pour la famille, c’est ce que ses parents ont fait. La ville a été rebâtie peu à peu, sans eau, ni électricité. Sans hôpitaux, sans écoles non plus. Toute une génération de gens instruits avait été décimée, ceux qui pouvaient soigner ou enseigner avaient été considérés des intellectuels, donc éliminés.

C’est avec fierté que le chauffeur regarde autour de lui, qu’il nous montre d’un geste à quel point cette ville a évolué depuis 40 ans. Il nous décrit la résilience de son peuple, avec l’aide reçue de certains pays. Il nous dit, presque ému: vous êtes chanceux que je vous raconte tout cela. Vous savez maintenant.

Oui, nous savons maintenant et nous écoutons, avec respect.

Nous aimons Phnom Penh, profondément. C’est avec un peu de tristesse que nous quittons le pays et ses habitants si chaleureux.

Bangkok nous attend.

Retour à Siem Reap

Les fêtes de Noël et du premier de l’An sont toujours un peu délicates à vivre lorsque nous sommes en voyage. Est-ce parce que les fêtes habituelles de notre pays, nous manquent? Pas du tout. Nous pensons souvent à notre famille et à nos amis, mais les communications sont si faciles de nos jours que la distance n’a plus beaucoup d’importance. C’est pour une autre raison que nous devons porter attention à ces périodes de l’année: la montée des prix de l’hébergement. Même si Noël n’est pas une fête Cambodgienne, la saison touristique bat son plein, plus de visiteurs profitent de leur congé pour visiter le pays et les prix augmentent de façon vertigineuse, pour redescendre dès le lendemain du Jour de l’An. Il devient difficile de se trouver un hébergement convenable, à un prix abordable. À chaque année, nous essayons de prévoir le coup et de choisir d’avance un endroit où nous serons bien.

Lire la suite